Jeanne Hachette

1970 – 75

Julia Tournaire

Jean Renaudie
Avenue Georges Gosnat, Ivry
40 logements sociaux et en accession à la propriété et ateliers d’artistes
Maître d’ouvrage : OPHLM
Deux niveaux de parking en sous-sol, un centre commercial sur trois niveaux, des commerces en rez-de-chaussée, une galerie d’art et 4,770 m2 de bureaux.

Pour Jeanne Hachette, Jean Renaudie ne se contente plus seulement d’angles à 45° ou 90° comme dans l’ensemble de logements Danielle Casanova. Les diagonales divisent cette fois les plans selon un processus quasi-fractal et libèrent toute continuité ou rapport à la linéarité de la rue. Les logements et jardins en étoile s’étagent ainsi sur 9 niveaux sous la forme de deux collines habitées à l’intérieur desquelles prend place un large complexe de bureaux, de magasins, d’un centre commercial, de cinémas et de parkings. Même si le centre commercial sur trois niveaux est aujourd’hui en grande partie désinvesti, il constitue toujours un passage couvert permettant de relier les différentes placettes et passages qui bordent l’ensemble. Un chemin cette fois à l’extérieur serpente depuis le bas jusqu’en haut pour que l’on puisse se promener sur ces montagnes résidentielles et « marcher sur le dos des maisons » comme il est d’usage dans certains villages français, bien que certains accès à ce chemin soient désormais clos. Disposées de part et d’autre de l’avenue Georges Gosnat, les deux collines correspondent à deux phases du chantier de construction. Celle la plus au sud devait même s’étendre sur tout l’îlot formé avec la rue Gabriel Péri et l’avenue Danielle Casanova englobant le vide actuel laissé par la Place Voltaire alors projetée en un second complexe culturel. Fruit d’un long processus de conception et de dessin, avec de nombreux allers retours entre la formalisation de l’intérieur des logements et la formation de l’espace public, l’ensemble Jeanne Hachette se distingue également par l’introduction de logements en duplex, doublant le nombre de terrasses par appartement. La diversité de logements est ainsi rendue encore plus étourdissante qu’à Danielle Casanova. Ils se développent maintenant dans toutes les directions brouillant définitivement la limite entre les espaces. L’intérieur et l’extérieur, composé des terrasses-jardins et des 30 cm de terre nécessaires à leur plantation, fusionnent en un seul espace de vie. Les espaces communs s’étirent quant à eux en de multiples coins et recoins autour de chambres individuelles au contraire restreintes au strict minimum. Une rencontre inattendue entre l’espace, la lumière, les usages, le mobilier et les habitants peut alors avoir lieu, révélant et même donnant forme au « contenu abstrait » de l’habitat cher à Renaudie. Jeanne Hachette représente ainsi un des prototypes les plus achevés de la « ville combinatoire » qu’il souhaitait faire advenir.

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