JAS Nº 59 – Baraki, Lausanne / Fribourg

Être baraki : n’avoir peur de rien

Sous un autre nom ils font partie des «Réseaux des jeunes» dans wbw 1/2–2020. Organisés en groupes très structurés et aux rôles bien définis, les Baraki font preuve d’une grande liberté de pensée et d’action, et occupent le terrain de leur présence intrépide grâce à un réseau étendu.

— Jenny Keller, 20.10.2020

Quelle est votre origine ?

Baraki un bureau d’architectes, d’urbanisme et d’ingénierie né en 2015 à Lausanne sous le nom de WhoodxMug. Cinq ans, deux concours gagnés et une quinzaine de projets en cours et construits plus tard, Whoodxmug devient Baraki et affirme sa direction et ses choix.

Ses réalisations se trouvent principalement sur les cantons de Vaud et Fribourg, avec quelques rénovations en Allemagne. Baraki est composé de trois architectes, Jeanne, Christoph et Marc, avec des parcours variés passant de l’école d’art, à la mécanique, à la taxidermie, à la recherche paramétrique et à l’urbanisme. Des origines géographiques diverses également, à travers l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, la Finlande et le Danemark et partageant comme point commun la passion de la création architecturale ainsi qu’un master à l’EPFL. Le nœud de leur travail réside dans la mise en lumière d’infrastructures et la recherche de la magie qui s’opère dans chaque projet, chaque idée. Le travail de Baraki se situe aux frontières de l’architecture, de l’art, de la recherche paramétrique et de l’ingénierie civil structurelle.

Qu’est-ce qui compte pour vous dans la pensée et dans la conception ? 

La perception de l’utilisateur qui sera amené à vivre, voir, passer devant le projet tous les jours ou simplement le découvrir au détour d’un déplacement est le point de départ du développement des projets. La contextualisation prend une place prépondérante dans la direction architecturale de Baraki. Le mélange assumé et très présent de l’art et de la technique, tout comme les outils informatiques, font du travail de Baraki une différence notable avec l’architecture contemporaine Suisse. A la croisée de plusieurs mondes et de plusieurs disciplines, la volonté de Baraki est de questionner le rapport au construit infrastructurel et standardisé autour de nous, ainsi qu’à l’invisible considéré comme acquis des constructions qui structurent le paysage urbain et naturel. Quel lien peut-on créer en acceptant le bâti comme tel, imposant et présent, mais en lui donnant une richesse et une présence qui le magnifierai ?

Baraki veut proposer une recherche visible de l’infrastructure fonctionnelle, afin que la beauté ne réside pas seulement dans un bâtiment pensé comme tel, mais dans chaque ouvrage que nous pouvons croiser dans notre environnement.

Et comment ces aspects s’expriment-ils concrètement dans le projet presenté ?

Chaque projet débute par une imprégnation sur place, des alentours, une marche, une reconnaissance du site et de ses liens, une compréhension du contexte à travers ses utilisateurs, ses routes, sa météo. Baraki arpente le territoire à pied et en voiture, à vélo, afin d’absorber le lieu et son identité, y chercher des fossiles ou y ramasser des plantes. Outre les aspects fonctionnels et programmatiques liés aux besoins, le projet se développe ensuite en trois étapes différentes et complémentaires. Un aspect créatif et de recherches de références imaginaires chez Jeanne, qui est ensuite brainstormé et traduit dans le cerveau pragmatique de Christoph puis appliqué dans la réalité du chantier par Marc. Chaque étape est complémentaire et les trois aspects se lisent tout au long du processus architectural et de construction.

Le projet Riederberg est l’intégration urbanistique d’un mur de soutènement de 120 m. Le long d’une route cantonale traversant le petit village de Riederberg. Baraki a réfléchi à l’impact qu’un tel ouvrage peut avoir sur un village et ses habitants, en prenant en compte les dimensions ingénieries, esthétiques, constructives, sécuritaires et d’entretien.

La proposition est un parment en béton non armé, posé sur un jersey reprenant les irrégularités de la pente, représentant un motif de montagne stylisé qui se répète sur les 120 m du mur, sur une courbe spirale. Le coffrage métallique est produit à partir de cadres standardisés sur lesquels sont soudées des triangles métalliques. Tout au long de la course du soleil, les facettes du mur reflètent ou projettent leur ombres, donnant l’impression d’un mur scintillant.

Intégration urbanistique d’un mur de soutènement dans le cadre d’un nouveau tracé routier

Baraki, Lausanne et Fribourg

www.baraki.ch, Instagram: @baraki.ch

Intégration urbanistique d’un mur de soutènement dans le cadre d’un nouveau tracé routier; axe 3220 Düdingen-Bösingen-Laupen ; Bauherrschaft / Maître d’ouvrage ; DAEC, Direction de l'aménagement, de l'environnement et des constructions du canton de Fribourg, SPC, Service des Ponts et Chaussées du Canton de Fribourg ; Termine / Chronologie : Avant-projet Projet Details d’exécution, Direction architecturale 2017–2020, Bureau d’ingénieurs civils: MGI, Photos : Nicolas Delaroche

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