Fascinations ordinaires

Quelle est votre origine ?

Un bouquet de fleurs dans une poubelle à Paris, des baignoires en façade, la pénétration d’une baie vitrée par un canal de ventilation, deux perroquets s’enlaçant dans une bouche de métro, un archipel de bouées gonflables, un écran géant sous la neige, des palmiers métalliques dans une agence de voyage, un tas de pastèques au détour d’une rue, aquaparc, un ascenseur comprimé dans un échafaudage.

Qu’est-ce qui compte pour vous dans la pensée et dans la conception ?

Nous cultivons notre capacité à nous étonner, à nous fasciner pour les rencontres inopinées, les découvertes inattendues. Nous développons chaque projet comme une narration, basée la lecture d’une situation nouvelle. Ce que nous observons, ce n’est pas le grandiose, le grandiloquent, ni le sublime. Ce sont des caractères, des scènes, des objets, des lieux: des points d’accroche dont la beauté émerge de leur scrupuleux assemblage, de leur mise en relation dans le projet.

Notre travail tire parti de ce qui existe, en accentuant une sélection subjective de qualités existantes. Nous pensons qu’en examinant attentivement les situations, en comprenant les récits qui créent un lieu, en extrayant et en renforçant l’essence d’un contexte, les potentiels que nous pouvons trouver sont bien plus vastes et la narration du projet bien plus riche. Nous cherchons à développer des projets efficaces dans leur conception et libres dans leurs utilisations afin que l’architecture soit avant tout définie par la relation spécifique qu’elle entretient avec son contexte.

Et comment ces aspects s’expriment-ils concrètement dans un projet bâti que vous choisissez librement ?

La permanent weekend house est située sur une parcelle particulièrement longue et étroite en périphérie de Genève, sur laquelle un minuscule chalet préfabriqué a été construit en 1910 comme maison de vacances. Elle est aujourd’hui longée par les voies ferrées, survolées par les avions qui décollent de l’aéroport voisin et entourée de grandes halles industrielles, de terrains de sport et d’un centre commercial.

Notre projet extrude l'espace de vie principal du chalet existant, produisant un plan de 4x25m traversant le jardin dans sa longueur. La finesse de la maison permet son interpénétration avec le jardin, la totalité des fenêtres pouvant être complètement ouvertes, créant une sorte d'espace couvert dans la verdure. La frontière floue entre l’intérieur et l’extérieur se voit renforcée par la succession régulière de verre et d’aluminium en façade, fondant la nouvelle structure dans le jardin par des jeux de réflexion et de transparence.

L’approche subjective du contexte a permis d’expérimenter une condition spatiale inattendue: un volume très long et étroit, un seul espace comprenant toutes les activités domestiques, une enfilade programmatique, une promenade à l’intérieur de son jardin.