1/2 – 2023

Terrain

Ce cahier s’entraîne au grand écart. Car l’abîme qui sépare les exigences de la réalité pour maîtriser la crise climatique n’est nulle part aussi profond que sur et dans le sol. En fait, nous devrions construire – si tant est qu’il faille encore construire – comme dans la nuit des temps au Japon, c’est-à-dire sans vraiment toucher au sol ou alors de manière très peu invasive. C’est tentant, mais cela frise la poudre aux yeux quand, comme c’est encore toujours le cas chez nous, c’est le règlement sur les places de stationnement qui détermine la quantité de déblais évacués et de béton coulé. Et donc aussi la quantité d’énergie grise utilisée. Les moyens qu’ont les architectes de contrer cet automatisme sont maigres, si ce n’est la possibilité d’inciter éventuellement les maîtres d’ouvrage à s’engager pour un concept de mobilité. Ne reste-t-il donc que l’appel à une bonne pratique du métier? Chercher une bonne solution pour le socle qui minimise si possible les effets de la construction sur le paysage environnant? Il y a là en effet un grand potentiel – de l’intégration judicieuse du bâti jusqu’aux connaissances en matière de régénération, voire d’amélioration des conditions pour la flore et la faune, en passant par une vision plus écologique de la ressource sol. Intégrer une telle approche dans la phase conceptuelle et dans la pratique serait déjà un grand pas en avant.