6 – 2011

et cetera Paulo Mendes da Rocha

«J’aurais bien su où construire mon pont ». Voilà ce qu’écrivait l’auteur suisse Hugo Loetscher, qui connaissait bien, par les nombreux voyages qu’il y avait faits, les deux pays lusitaniens dont nous parlons dans ce cahier. Mais là où Loetscher aurait construit son pont dans son dernier livre intitulé «War meine Zeit meine Zeit» - sur la baie de San Francisco – il y en a déjà un. Par contre, il n’y avait pas de passage sur la vallée du fleuve Carpinteira à Covilhã, au centre du Portugal, où João Luís Carrilho da Graça a construit pour les piétons et les cyclistes une élégante passerelle de 220 mètres de long. La passerelle de Covilhã montre des caractéristiques semblables: la ligne blanche que l’on aperçoit au loin se transforme en objet volumineux quand on s’en approche. A Recife, au Nord-Est du Brésil, le maître architecte brésilien Paulo Mendes da Rocha joue aussi un jeu subtil avec l’espace. La chapelle Nossa Senhora da Conceição relie la nature et l’homme de manière sensuelle: les fragments du pourtour à l’origine couvert ont été conservés. Un pont imaginaire est ainsi construit par-delà les époques et dignement ancré dans la densité de la forêt vierge. Partant de l’Amazonie en passant par le Carpinteira, le courant thématique de ce cahier retrouve le chemin du lac de Zurich en passant par la Spree – comme le Zurichois Hugo Loetscher, qui a grandi au bord de la Sihl et est toujours retourné au bord de sa rivière d’origine.